Camille Henrot

Biographie

D'abord reconnu pour ses vidéos et films d'animation qui mêlent dessin, musique et images cinématographiques, parfois grattées ou retravaillées, le travail de Camille Henrot brouille les catégories traditionnellement hiérarchiques de l'histoire de l'art. Ses dernières œuvres qui se déclinent sous forme de sculptures, dessins, photographies, et toujours films, traitent de la fascination exercée par l'ailleurs et par l'autre (géographique, mais aussi sexuel), fascination reprise dans les mythes populaires modernes (comme celui de King Kong ou de Frankenstein) dont s'inspire Camille Henrot. Les objets hybrides, impurs, de l'artiste jettent un doute sur l'écriture linéaire et cloisonnée de l'histoire occidentale, et soulignent sa part d'emprunts et ses zones d'ombres. Pour la série de sculptures Espèces menacées, par exemple, l'artiste a créé des objets d'inspiration africaine à partir de pièces de moteurs de voitures. Placées sur de hauts socles, ces silhouettes élancées aux allures zoomorphiques renvoient tant à la migration des symboles et des formes qu'à la circulation économique des objets. Cette survivance du passé, pleine de malentendus, de glissements et de projections (dans le diaporama Egyptomania, le film Cynopolis et les dessins de sphinx, ou encore dans les photographies de silex préhistoriques) trouble codes et conventions culturels. Ainsi le travail de Camille Henrot questionne les résistances mentales et les résonances du passé, que celui-ci relève du mythe ou de la réalité.

Camille Henrot a notamment exposé en France au Centre Pompidou, au Musée d'art moderne de la ville de Paris, au Palais de Tokyo, à l'Espace Paul Ricard, au Jeu de Paume, à la Fondation Cartier, à l'Espace Culturel Louis Vuitton, à la Fondation Maeght, aux Collections de Saint-Cyprien, au Musée des Beaux-arts de Bordeaux, au Crac Alsace, ainsi qu'à l'étranger: au Sungkok Art Museum de Séoul, au Palais des Beaux-arts de Bruxelles, au Centre pour l'image contemporaine de Genève, au Hara Museum à Tokyo et au Centre Culturel Oi Futuro de Rio de Janeiro.

Devika Singh